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Le Cimetière des Drag Queens




Voici une découverte dont peu de gens peuvent se targuer et pour cause, moi, Jack Van Cursing, votre aventurier de l’étrange préféré, je suis le seul à l’avoir fait. Il y a 147 nuits de cela, mes pas chaloupés telle une gondole à Venise me faisaient voguer au fin fond des terres sombres de cette existence moite, loin du royaume des pantalons cintrés et autres costards cravates. C’est alors que les étoiles scintillantes éclairèrent soudainement, tels des projecteurs chatoyants, une place fabuleuse transperçant les zones sales, les épaves et la laideur : le cimetière des Drag Queen!


Une lune aux trois quarts pleine ou bien aux trois quarts vide, selon les perceptions et les envies de chacun·e, surplombait ce lieu fantastique au sein duquel une étrange magie poussiéreuse flottait sans discontinuer ou bien était-ce simplement des paillettes toutes Chouettes, qui pourrait le dire…pas moi, j’en avais déjà bien trop dans l'œil. 


En ces lieux, point de pierres tombales qui malgré les sourires ou les sanglots restent de marbre, non, ici trônaient fièrement des talons chamarrés dont le charisme imposant me faisait me demander si j’avais là en face de moi des pics, des caps ou bien des péninsules. Dans le même temps des coiffes ardentes virevoltaient comme des vols au vent, une comparaison alimentaire probablement due à la faim intense qui en ce moment d’écriture m’assaille telle la tribu du même nom, on est bien peu de chose, mais revenons en à notre sujet initial si vous le voulez bien, la larme perlant peu à peu sur ma joue duveteuse tel un ananas tombant d’une autruche, me ramenant bien trop amèrement à la dure qui condition qui est la nôtre, aventuriers non subventionnés. 


En ce cimetière chamarré, une atmosphère de show intense se faisait ressentir, faisant palpiter mes arcades sourcilières qui se mirent soudain à battre la cadence, la chamade et les œufs en neige. Je me sentis alors comme possédé dans tout mon être par le groove transpirant de chaque grain de poussière, me ramenant à ma lointaine jeunesse quand la musique était bonne bonne bonne et qu’elle guidait mes pas. 


C’est à ce moment que les talons jonchant le sol et les coiffes abandonnées se mirent à s’animer comme attirés, tels des aimants de Saint Jean dont la valse les guida en direction de revenantes fraîchement sorties de terre. Devant moi se dressèrent alors les Dead Queens, des reines du Drag et de la nuit qui autrefois arpentaient la vie pour, de leurs danses colorées et leurs voix aiguisées, en pourfendre l'ennui. Ces créatures ni mortes ni vivantes ni soumises me prirent alors par la main pour m’emmener dans leur spectacle hypnotisant au rythme du rock, du punk et faisant fi du cancan dira-t-on. Je ne me souviens vaguement que de certains noms dans ce moment enivrant faisant bouger mes guiboles avec rythme et un certain talent que je ne pensais point existant tout en allégeant mon cœur à demi battant. Leurs appellations étaient aussi variées que Lady Xionnaire, la savante, Lady Mitchell, la rockeuse et Lady Commandement, la spirituelle, chacune avait un style et une identité bien à elle.


Les êtres pailletés hantant ces lieux de leur funeste beauté me firent alors comprendre que ma vraie place se trouvait parmi elles et me tendirent un miroir non pas pour me montrer qui était la plus belle mais pour me faire découvrir avec étonnement que je n’étais plus le Van Cursing d’autrefois, gangréné par la bougonnerie et la mauvaise foi, mais bien une nouvelle reine de bon aloi, une Lady Van Cursing prête à groover au son du cha-cha-cha. Très vite ma stupeur et mon tremblement se transformèrent en joie et en soulagement au sein de mes plus vieilles dents en pouvant exprimer mes choses les plus enfouies en dedans. Cependant les Dead Queens, de leurs mots les plus chatoyants, m’annoncèrent que ma route ne se terminait point en ces terres mais que si je désirais percer leur mystère je devais me rendre là où tout a commencé, là où leurs yeux se sont illuminés, le Purgatoire, un cabaret aux accents pailletés dirigé par la queen des queens, celle qui autrefois fut nommée la Mort en personne, Lady Thanatos!!!!!


La prochaine destination de mes aventures est donc toute trouvée en ces terres qui ôteront leur châle ombragé les 21, 22, 28 février et 1er mars au cabaret la Chouette. 

Je vous y attends chèr·es lecteur·ices attentionné·es.

A très vite.


Aventureusement,


Lady Van Cursing



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